Le millepertuis : propriétés santé et contre-indications

Perdu de vue vers la fin du 19e siècle, le millepertuis retrouve aujourd'hui une place dans la phytothérapie. Cette plante présente, en effet, un bon nombre de propriétés médicinales qui peuvent servir à prendre en charge diverses affections. Elle nécessite, toutefois, une précaution particulière pour assurer tant l'efficacité que la sûreté de son utilisation.

Présentation du millepertuis

Le millepertuis (Hypericum) est un genre de plante qui regroupe près de 400 espèces. Parmi celles-ci, c'est essentiellement le millepertuis perforé (H. perforatum) qui fait l'objet de recherches et d'usages médicinaux. Plante sauvage, il peut être retrouvé presque partout dans le monde, sauf en milieu désertique et glacial.

Ses premiers usages thérapeutiques remonteraient à plus 2400 ans, où il servait souvent à cette époque à chasser les esprits tourmenteurs. Au cours du Moyen Âge, il est devenu le remède le plus préconisé pour la prise en charge de la dépression. C'est vers la fin du 18e siècle que le millepertuis a atteint son apogée, et s'est forgé une réputation. Il fut même inscrit officiellement dans la pharmacopée française. Le siècle suivant, cependant, son usage a été délaissé au profit d'autres plantes. Aujourd'hui, de nombreuses études redécouvrent un bon nombre de ses effets sur la santé.

Le millepertuis doit ses propriétés médicinales aux divers composants actifs qu'il renferme, dont des procyanidines, flavonoïdes, et caroténoïdes. Les sommités fleuries sont, par ailleurs, les plus riches en hyperforine et hypericine. Il s'agit des principales molécules actives de cette plante.

Bienfaits santé du millepertuis

Un nombre non négligeable de bienfaits sur la santé sont attribués au millepertuis.

Contre la dépression

Diverses études confirment l'action antidépressive attribuée au millepertuis depuis des siècles. Son efficacité est comparable à celle des médicaments synthétiques habituellement utilisés à cet effet. La plante présente, cependant, l'avantage d'être beaucoup mieux tolérée par l'organisme. Le risque de rechute semble aussi être de loin moins important. Il faut, toutefois, poursuivre une cure de plus de 4 semaines avant de ressentir les effets du remède. (1)

Cette action est notamment due à l'hyperforine que le millepertuis renferme. La molécule présente, en effet, la faculté d'agir sur les hormones responsables du sentiment de bien-être, du sommeil et de l'équilibre nerveux.

Lors de troubles digestifs

L'usage interne du millepertuis est reconnu pour ses effets bénéfiques lors des divers troubles digestifs. C'est notamment le cas des brûlures et douleurs gastriques, ulcères d'estomac, et reflux gastro-oesophagiens. La plante est aussi préconisée lors des pathologies de la grêle ou du côlon se manifestant par des inflammations. Il en est du cas du syndrome de l'intestin irritable et de la maladie de Crohn. 

Ces effets s'expliquent par les propriétés adoucissantes et alcalinisantes que possède le millepertuis. Sa vertu anti-inflammatoire permet, par ailleurs, d'apaiser les réactions inflammatoires. Ce qui favorise la guérison et la cicatrisation des éventuelles lésions des muqueuses. La bromélaïne est également connue pour soulager les troubles digestifs. 

En cas de lésions cutanées

L'huile de millepertuis, aussi appelée huile de cantarion, est réputée pour ses bienfaits sur la peau. Elle est obtenue par la macération des fleurs de la plante dans une autre huile végétale. Il s'agit d'un remède qui a longtemps servi pour traiter des cas de brûlure cutanée, de contusion et de traumatisme. Cette huile possède, en effet, des propriétés hémostatiques, anti-inflammatoires et cicatrisantes, bénéfiques lors de telles lésions. L'huile essentielle de millepertuis présente également les mêmes capacités thérapeutiques. Elle doit, toutefois, toujours être diluée dans de l'huile neutre.

Ses fleurs et feuilles peuvent aussi être utilisées immédiatement sur la peau pour profiter de leurs effets apaisants. Elles ont, en outre, des actions adoucissantes et émollientes, excellentes pour le tissu cutané.

Dosage et contre-indications

La dose prescrite pour l'usage de millepertuis varie considérablement selon la pathologie à traiter et la composition des produits. En moyenne, elle peut aller de 300 mg par jour à 2000 mg, concernant les gélules. Une cure est souvent préconisée pour assurer l'efficacité du remède. Pour ce qui est de son utilisation externe, la plante comme son huile augmentent le risque de photosensibilisation. Il est donc préférable d'éviter toute exposition au soleil après application. À partir d'une certaine dose, la prise orale augmente aussi cette sensibilité au soleil.

Bien que le millepertuis soit une plante sûre, son usage ne doit pas être associé à la prise d'un certain nombre de médicaments. Parmi ceux-ci figurent les antidépresseurs, anti-inflammatoires, sédatifs, anticoagulants et anti-cholestérols. Il peut aussi inhiber l'action de traitements anticancéreux, contraceptifs, ainsi que ceux contre le VIH. Des effets indésirables tels que nervosité, céphalée, fatigue, troubles digestifs peuvent, par ailleurs, se manifester. Dans de tels cas, mieux vaut ne pas poursuivre le traitement.

Pour finir toute cure au millepertuis, il est conseillé de réduire progressivement les doses journalières pendant 7 à 15 jours. Un arrêt brusque peut, en effet, conduire à un syndrome de sevrage.

Référence

[1] Kasper S et al. « Better tolerability of St. John's wort extract WS 5570 compared to treatment with SSRIs : A reanalysis of datafrom controlled clinical trials in acute majordepression.» Int. Clin. Psychopharmacol. 2010.