Le ginseng coréen, aussi connu sous le nom de ginseng rouge de Corée, est considéré comme la meilleure variété de ginseng. Mais pourquoi la Corée est-elle le pays de l'excellence ? En quoi le ginseng d'origine coréenne est-il de meilleure qualité que les autres variétés ? Faisons le point dans cet article sur l'histoire du ginseng, de son mode de culture et de la législation qui entoure le commerce de cette racine.
Depuis plus de 4000 ans, l'utilisation de la plante s'étend dans toute l'Asie. Le ginseng a été découvert dans la région de Mandchourie, au nord-est de la Chine. Bien que popularisé par la médecine traditionnelle chinoise, c'est le ginseng de Corée le plus réputé aujourd'hui dans le monde.
Avant le XIe siècle, on utilisait essentiellement le ginseng sauvage ou Sansam. Il poussait à l'état naturel dans les régions très montagneuses de Corée. Sa rareté faisait de lui une plante d'exception que seules les personnes aisées pouvaient s'offrir. Au XIIe siècle, les Coréens mettent au point une technique de culture. Celle-ci contribua à développer le commerce du ginseng dans toute l'Asie.
Le fabricant de ginseng rouge coréen Geumhong retrace, grâce à une reconstitution, les différentes étapes d'une culture traditionnelle de ginseng en Corée. Voici un aperçu de ce qui se faisait il y a quelques siècles.
Pour cultiver du ginseng, il est indispensable d'avoir une terre où l'eau est bien drainée. De plus, il faut un peu d'air circulant en douceur, mais pas trop (au risque d'assécher la plante). Une des exigences supplémentaires est d'avoir une terre qui n'a pas accueilli récemment une culture. Ãa permet ainsi de bénéficier d'une terre riche en nutriment. à ce sujet, et afin de ne pas appauvrir la terre et mettre en place un système de jachère, il est nécessaire de choisir un terrain au moins 30 % plus grand que celui prévu pour la culture.
Le ginseng est une plante qui pousse à l'ombre. Le soleil direct lui est fatal. Pour permettre sa culture, il est donc nécessaire de le faire pousser à l'ombre. Les paysans coréens devaient donc fabriquer des ombrières. Ils utilisaient pour cela des cordes de paille et des brins de seigle entrelacés pour former un écran.
à la fin de l'automne, des trous sont creusés pour l'ensemencement. Les graines placées dans ces trous à la bonne profondeur sont soigneusement recouvertes. Cette étape est cruciale pour la réussite de la récolte !
Au début du printemps, on réimplante les semis de ginseng à leur endroit définitif où ils y resteront pour environ 6 ans.
Le soleil arrivant, les ombrières vont enfin pouvoir être posées. La structure en bois permettra de soutenir l'ombrière.
Le caractère sacré du ginseng, en faisait une culture à part. Juste après la pose des ombrières, lorsque tout est en ordre, de longues prières étaient effectuées pour se donner toutes les chances de réussite pour une bonne récolte.
Aujourd'hui encore, le ginseng fait l'objet d'un véritable culte en Corée. Son encrage dans la culture coréenne est tel que certaines villes organisent chaque année un festival entièrement consacré à cette racine.
Dans la saison chaude, on prélève les racines de ginsengs de 6 ans d'âge. Pour cela, on les déterre soigneusement à l'aide d'une houe ou une pioche pour ne pas abimer les racines.
Une fois prélevée, on pèle la racine de ginseng à l'aide d'un couteau en bambou. Ensuite, elle est soigneusement frottée avec un chiffon de chanvre.
La dernière étape consiste à faire sécher la racine de ginseng au soleil. C'est à ce moment-là et lors de son séchage que le ginseng va prendre sa couleur rouge.
Encore aujourd'hui, on cultive le ginseng coréen de façon à se rapprocher le plus possible de son environnement naturel. Le mode de culture ancestral du ginseng permet d'obtenir une racine de grande qualité. C'est ce qui contribue aussi à faire de la Corée du Sud le pays de l'excellence en la matière.
Pour répondre à la demande mondiale en ginseng, certains pays producteurs ont remplacé la culture ancestrale par une culture intensive. C'est notamment le cas de la Chine. à elle seule, elle concentre plus de 55 % de la production mondiale de ginseng ! Chaque année, elle produit ainsi près de 55 000 tonnes de ginseng. Malheureusement, pour maintenir un tel niveau de production, certaines fermes utilisent à outrance des pesticides, herbicides et engrais.
La Corée du Sud, en revanche, n'a pas opté pour la même méthode de culture que la Chine. Elle a souhaité préserver son savoir-faire ancestral, produire moins, mais de qualité supérieure. Le pays est actuellement le deuxième producteur mondial avec 34 % de la production mondiale de ginseng. Ainsi, la Corée du Sud produit presque moitié moins que la Chine (environ 27 000 tonnes). Mais, en raison de sa rareté et de sa qualité supérieure par rapport aux pays concurrents, les revenus coréens liés à la vente de ginseng sont beaucoup plus importants.
La Corée du Sud a mis en place des contrôles stricts. En effet, il faut garantir la qualité, préserver la culture ancestrale de son ginseng rouge et éliminer les producteurs peu scrupuleux.
Le Good Agricultural Practices (GAP) est un programme coréen visant à réduire au maximum l'usage de pesticides et d'engrais chimiques sur les cultures. Il garantit également des techniques naturelles de travail et une grande traçabilité. Ainsi, les producteurs doivent obligatoirement enregistrer leurs champs de production. Ils doivent également certifier le lieu de production et l'âge de la racine. Pour garantir la meilleure concentration en actifs (ginsénosides), les producteurs doivent cultiver le ginseng pendant 6 ans. L'Ãtat sud-coréen encadre fortement son commerce et a créé en ce sens un label « Ginseng coréen » : le « Korean Office of Monopoly ».